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grimper un peu plus haut sur son arbre et lui mirent à la nuque la griffe de l’angoisse. Puis une réaction se produisit et les nerfs de Philip se détendirent ; son pouls battit plus régulièrement.

Allait-il donc échapper au sort qu’il s’était attiré ? Ses coups de revolver avaient-ils effrayé Bram au point de l’empêcher de revenir sur ses pas ? Bram, maintenant, lui apparaissait moins redoutable, un être moins sauvage qu’il ne lui avait semblé tout d’abord. C’était surtout la désespérance et le chaos qu’il avait vus sur sa face ravagée. Ce monstre lui devenait presque sympathique.

Sans doute était-il semblable à ce Pelletier[1], cet infortuné naufragé, qui, abandonné sur les rives désertiques de l’Arctique, avait griffonné sur la porte de sa cabane le journal de sa vie, de ses impressions et de ses pensées. Folie consciente, pire que la pure folie. Intelligence et raison, que la solitude avait tuées. Pour Pelletier la mort était venue un jour, comme une délivrance, comme une amie. Sans doute, oui, Bram, mort depuis des années à la société de l’homme, était-il ainsi. Philip se prenait à craindre moins les loups et, en lui, tombait l’excitation de la chasse à l’homme.

  1. Personnage imaginaire. (Note des Traducteurs.)