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croûte de neige dure. La silhouette de la bête, qui fuyait pour sauver sa vie, apparut. Heureusement pour Philip, le caribou, talonné de près par les loups qui, au nombre de vingt à trente, se déployaient en éventail, fuyait maintenant parallèlement au bois, dont la horde s’efforçait de lui barrer la route. Les formes grisâtres passèrent comme un tourbillon, mâchoires béantes, pareilles à des ombres que chasse le vent.

De la position peu confortable où il se trouvait, Philip redescendit pour s’accroupir dans la neige. Il calcula que le caribou, avec l’avance qu’il possédait, en avait, avant le dénouement, pour un bon mille à courir encore. Caché dans l’ombre du sapin, il continua à observer, certain qu’il allait voir Bram bientôt apparaître.

Le « zip, zip, zip », bien typique, des souliers à raquettes, ne tarda pas en effet à se faire entendre. C’est alors que le sang de Philip se mit à battre un concert endiablé. L’homme qu’il poursuivait serait là, dans un moment. Dans le bref moment qui avait suivi le passage des loups, il avait réglé la conduite qu’il tiendrait. Le sort avait mis dans son jeu un atout inespéré. La stratégie compliquée qui, en d’autres circonstances, eût été nécessaire pour capturer Bram, impossible à approcher au milieu de sa garde de loups, toujours prêts à se jeter sur l’assaillant au moindre signe de leur maître, se simplifiait.