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blait lutter avec lui-même et se débattre contre les vieilles superstitions, endormies en lui, qui soudain s’étaient rallumées comme un feu mal éteint.

Mais serrant les dents, il se redressa et, rejetant sa tête en arrière :

« Ce sont là des contes, m’sieu, à dormir debout ! dit-il en comprimant le tremblement de sa voix. C’est pourquoi je vous ai montré ce piège. Bram Johnson n’est pas mort. Il vit. Et il a une femme avec lui, à moins que…

— Quoi, à moins que… »

Et la même pensée, qui leur était déjà venue, passa à nouveau dans leur regard, sans qu’ils osassent l’exprimer.

Philip enroula soigneusement autour de son index la tresse de cheveux et la mit ensuite dans un petit sac de cuir, qu’il tira de sa poche. Puis, tout naturellement, il bourra sa pipe et l’alluma. Il alla vers la porte, l’ouvrit, et demeura un moment, immobile, à écouter l’ululement du vent sur le Barren. Pierre, toujours assis devant la table, l’observait attentivement.

Philip referma la porte et revint s’asseoir en face du métis. Sa décision maintenant était prise.

« On compte, dit-il, trois cents milles d’ici au Fort Churchill. À mi-chemin, à l’extrémité inférieure du lac Jésus, Mac Veigh et sa patrouille