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Il prit un air de plus en plus gêné et sa voix s’embrouilla davantage encore.

« Mais, que voulez-vous, on conte sur Bram et ses loups des choses si abasourdissantes. Il a, dit-on, vendu son âme au diable, en échange de quoi il peut, à sa volonté, voler à travers l’air et se métamorphoser en loup. Des gens l’ont entendu qui chantait la Chanson du Voyageur[1], tout là-haut dans le ciel, accompagné par le hurlement de sa horde. On me l’a dit, à moi qui vous parle. J’ai rencontré, une fois, une tribu indienne entière, en train de se livrer à toutes sortes d’incantations, parce qu’elle avait vu Bram, entouré de ses loups, occupé à se construire une maison enchantée, en plein cœur d’un nuage fulgurant d’éclairs et de tonnerre. Il n’est pas bien surprenant, en ce cas, qu’il chasse le lapin avec un piège fait des cheveux d’une femme.

— Non moins étonnant, alors, répliqua Philip, qu’il change les cheveux noirs en cheveux couleur de soleil ?

— Tout ce qu’on dit est-il vrai ? Qui le sait ? »

Pierre tortillait sa langue dans sa bouche, comme si un morceau qu’il aurait avalé de travers l’eût étouffé.

Durant quelques instants, Philip le vit qui sem-

  1. En français dans le texte. (Note des Traducteurs.)