Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Réfléchis, Pierre, reprit Philip. As-tu vu déjà des cheveux de pareille couleur ?

— Non, m’sieu. Jamais de ma vie. Pas une seule fois.

— Et cependant tu as rencontré maintes femmes blanches, au Fort Churchill, à la York Factory, au lac de la Biche[1], à Cumberland House et au Fort Albany.

— Ah ! ah ! ah ! et en beaucoup d’autres endroits, m’sieu. Au lac de Dieu, au lac Seul[1], et du côté du Mackenzie. Mais jamais je n’ai vu de chevelure de femme ayant cette couleur.

— Et Bram, que nous sachions, n’est jamais descendu vers le Sud plus loin que le Fort Chippewyan. Tout ceci brouille singulièrement l’entendement, qu’en dis-tu, Pierre ? Voyons, parle. À quoi rêves-tu ainsi ? »

Il y avait, chez Pierre, un mélange de sang français et de sang cree. La pupille de ses yeux se dilata étrangement, sous le regard fixe de Philip.

« Je songe, répondit-il d’un air embarrassé, au chasse-galère, au loup-garou, et… et… et… vous faites si bien avec vos questions que vous m’amenez presque à y croire. Je ne suis pas superstitieux, non, non, et non ![1] je ne suis pas superstitieux… »

  1. a, b et c En français dans le texte. (Note des Traducteurs.)