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le lui ravir. J’eus une inspiration soudaine. Je conseillai à Célie de couper elle-même une petite tresse de ses cheveux et de les offrir à Bram. Elle les tendit de sa propre main, et dès lors le fou veilla sur elle, avec la fidélité d’un chien. J’essayai de converser avec lui, mais en vain. Il semblait ne pas comprendre ce que je lui disais ; à savoir que, dès qu’il se serait éloigné, nous et la jeune fille serions massacrés. »

Le Suédois suspendit pendant un instant son récit et remit l’œil à l’étroite ouverture pratiquée entre les bûches.

« Ils ont achevé, dit-il, de combiner leur attaque. Ceux qui portent les troncs d’arbres, après avoir un peu soufflé, s’apprêtent à se remettre en marche. Veille au grain, Phil ! Nous tirerons quand ils seront à mi-chemin de la cabane. Mais pas avant. Ce sera plus sûr ainsi… Je reviens à mon histoire. Plusieurs jours s’écoulèrent. Bram et ses loups s’éloignèrent, pour aller en chasse. Pendant son absence, Blake et les Esquimaux nous attaquèrent. Les deux Russes furent tués. Armin et moi, nous luttions désespérément, avec la jeune fille derrière nous, lorsque Bram survint, inopiné comme un coup de tonnerre. Il ne combattit point, mais se contenta de saisir la jeune fille, qu’il porta sur son traîneau, et disparut avec elle, au triple galop de ses loups. Profitant du désarroi des Kogmollocks, je tentai de