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train de s’éveiller. Il n’avait songé qu’à sauver sa peau, délaissant l’arme et ses ennemis.

Laissant Célie dans ses fourrures, Philip acheva de se relever et s’approcha, avec précaution, du monticule de neige auquel était accoté le bandit. Il eut un sursaut et un cri d’effroi devant la première constatation qu’il put faire. Blake ne s’était pas échappé par ses propres moyens. Derrière le monticule s’allongeait dans la neige un creux sillon, comme celui que trace le ventre d’une otarie.

Philip n’ignorait pas que les Esquimaux ont coutume de creuser, en rampant, de semblables pistes, lorsqu’ils se traînent à plat ventre, pour surprendre un gibier assoupi. C’est de cette manière qu’un secours opportun était arrivé jusqu’à Blake. En rampant sur leurs mains et sur leurs genoux, les deux hommes, dont on distinguait les empreintes différentes, s’étaient éclipsés.

Célie vint rejoindre Philip, le fusil dans sa main. Elle considéra comme lui, avec une curiosité effrayée, la piste parlante, marquée sur la neige. Philip, qui se sentait fautif pour s’être endormi, ne fut point fâché que la jeune femme et lui ne parlassent point tous deux la même langue et qu’elle ne pût le questionner autrement que du regard sur cette inquiétante évasion.

Il lui prit le fusil des mains et glissa le revolver