Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre les autres. Et il leur parlait, et, en parlant, riait dans sa longue barbe. C’est alors que la raison, soudain, me revint. Je tournai casaque et, à toute vitesse, rebroussai chemin vers ma cabane. Je courais si vite que les loups eux-mêmes n’auraient pu, je crois, me rattraper… Et ce n’est pas tout encore ! »

Les doigts de Pierre recommencèrent à se plier et déplier, et à craquer, tandis qu’il fixait Brant.

« Vous me croyez, m’sieu ? »

Philip hocha la tête.

« En principe, cela semble impossible. Et pourtant, Pierre, vous ne pouvez avoir rêvé. »

Pierre Bréault aspira fortement, en signe de satisfaction, et se leva à demi sur ses pieds.

« Et vous me croirez aussi, si je vous dis le reste ?

— Oui. »

Il alla dans la chambre où il couchait, et en revint bientôt avec un petit sac en peau de caribou, où il enfermait d’ordinaire son briquet, son silex et tout le petit nécessaire qui lui servait à allumer du feu lorsqu’il était à la chasse.

« Le jour suivant, reprit-il en se rasseyant en face de Philip, je suis retourné, m’sieu, là où j’avais vu Bram. Lui et ses loups étaient partis.

« Il avait dormi, le reste de la nuit, sous les