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pour Célie, un nid moelleux et confortable, en face de Blake. La nuit était désormais complète et à ce point opaque que la silhouette sombre du prisonnier se dessinait à peine contre le tas de neige.

Les étoiles commencèrent à scintiller au firmament et à emplir sa voûte de leur clarté. Les ténèbres se dissipèrent et la terre blanche s’éclaira de la froide splendeur de la nuit arctique. Sous la vive et tremblotante lumière des flambeaux célestes, Philip voyait étinceler, comme un voile d’or, les cheveux de Célie. Devant lui, il apercevait les yeux de Blake flambant comme deux braises. À droite et à gauche, apparaissaient nettement les deux berges de la rivière de la Mine-de-Cuivre. On aurait pu discerner, à deux cents yards, un homme qui se serait approché.

Quelque temps passa. Philip remarqua que la tête de Blake s’affaissait sur sa poitrine et que sa respiration se faisait plus sonore. Il pensa qu’il s’était endormi. Célie, blottie contre lui comme un oiselet, fut bientôt assoupie. Seul, il demeurait éveillé et aux aguets. Les chiens, anéantis sur leurs ventres, étaient morts au monde.

Une heure durant, il veilla de la sorte. Blake ne remuait décidément plus. Rien de suspect, nulle part. La nuit devenait de plus en plus bril-