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que ces païens de Kogmollocks ont la plus grande considération pour les beaux-pères ? Un beau-père est un dieu ambulant à deux jambes, le représentant sacré de la famille. Lorsque les Kogmollocks virent que mon désir était de prendre pour femme la jeune fille, ils se gardèrent donc d’infliger à son père aucun traitement fâcheux. C’est pourquoi il est encore, bien vivant, dans une bonne cabane. Je n’en dirai pas autant des autres ; ils ont tous été tués. Mais réfléchissez, Philip Brant, dans quels draps vous allez vous mettre, et elle avec vous. Lorsque vous m’aurez tué et quand ils vous auront, à vous-même, fait votre affaire, à qui sera la jeune fille ? Il y a dans la tribu un métis et c’est à lui qu’elle écherra sans doute. Les Esquimaux ne la lui disputeront pas. »

Ce disant, il claqua du fouet et, vociférant après l’attelage, accéléra la marche.

Philip ne douta pas qu’il n’y eût une fortedose de choses vraies dans les paroles de Blake. Le massacre des compagnons du père de Célie et le fait que celui-ci avait été épargné avaient reçu une explication spontanée et vraisemblable. Mais la franchise même de ces aveux était inquiétante. Pour braver ainsi le châtiment, Blake était-il donc si sûr d’y échapper ?

Pendant les heures qui suivirent, Blake ne desserra plus les dents. Sans doute trouvait-il