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à l’inquiétude que devait éprouver Célie en voyant que son absence se prolongeait. Il ne pouvait se résoudre, cependant, à quitter son poste d’observation pour retourner vers elle. Ses pressentiments étaient incapables de le tromper. Quelque chose approchait.

La clarté était devenue suffisante pour qu’il lui fût loisible d’apercevoir le moindre point mobile à une cinquantaine de yards de distance. Et rien, dans la direction de la piste qu’il avait laissée sous la neige, n’apparaissait.

Si pourtant Olaf Anderson, le Suédois, avait été là, il eût pu lui parler d’une autre nuit d’angoisse, pareille à celle qui venait de s’écouler, et d’une autre garde vaine, qu’il avait montée comme lui. À ses dépens, Olaf Anderson avait appris que les Esquimaux ne marchent jamais sur la piste même du gibier, homme ou bête, qu’ils pourchassent ; mais que, comme les loups, par petits groupes de deux ou de quatre, ils encadrent cette piste, à droite et à gauche, sans se montrer. Cela, Philip l’ignorait et vainement il écarquillait devant lui ses prunelles, alors même que son instinct lui disait clairement que l’ennemi approchait.

Or voilà que, soudain, il entendit il ne savait quoi. C’était moins qu’un bruit, une présence. Un simple frémissement traversant l’atmosphère, distinct des autres bruits qui vibraient