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Après un peu de repos, et comme aucun danger n’apparaissait immédiat, Philip, laissant Célie, s’avança, à la découverte, jusqu’à la lisière de la forêt. Dans le clair-obscur de l’aurore arctique, il vit que leur piste s’était oblitérée déjà, sous le déluge neigeux, qui ne semblait pas, par bonheur, vouloir s’arrêter. S’il se fût agi de blancs ou d’indiens, il aurait été complètement rassuré. Mais les Esquimaux ont, pour repérer une piste, les sens merveilleusement aiguisés. Durant cinq mois sur douze, il leur faut lever, sous le double manteau de la neige et de la nuit, le gibier dont ils se nourrissent et dont ils reconnaissent la trace, là même où elle reste invisible pour tout autre.

Si les Kogmollocks, attirés par le feu, étaient revenus à la cabane de Bram, bientôt, sans doute, ayant découvert leur fuite, ils les talonneraient de près, lui et Célie. Un instinct secret, qui rampait dans ses veines, lui disait qu’il eût à se tenir prêt et qu’un nouvel acte du drame allait se jouer. Une grosse branche, qu’il heurta du pied, lui fournit, à point nommé, un gourdin. Il l’empoigna sauvagement.