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eux il dormait, mangeait avec eux et, comme eux, souffrait de la faim, lorsque manquait la nourriture. Ils étaient sa compagnie et sa protection. Lorsque la provision de viande était épuisée, il lançait sa horde sur la piste d’un caribou[1] ou d’un élan, s’il s’en trouvait dans la région. Souvent les loups, au cours de la chasse, poussaient d’une douzaine de milles en avant. Mais il les rejoignait rapidement et il restait toujours, dans la curée, assez de viande sur les os lorsqu’il arrivait.

Quatre ans de cette existence ! Les policiers se refusaient à y croire. Et ils ricanaient, sceptiques, lorsque des rumeurs lointaines leur parvenaient que Bram avait été vu, toujours vivant, qu’on avait ouï sa grande voix dominant, durant les calmes nuits d’hiver, les hurlements de sa bande, et que des métis ou des Indiens avaient simultanément, aux quatre points cardinaux, trouvé et suivi ses traces.

Ces témoins compliquaient en effet leurs dépositions en y mêlant de l’histoire du chasse-galère[2], qui est une vieille superstition française, toujours vivace dans le Northland, et dont le populaire se garde bien de plaisanter. On y désigne, sous ce nom, des êtres fantastiques qui

  1. Le cariboo ou caribou est une variété de renne de l’Amérique du Nord. (Note des Traducteurs.)
  2. En français dans le texte. (Note des Traducteurs.)