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eussent attaqué le père de Célie Armin et ceux qui avaient débarqué avec lui. Le plaisir de verser le sang des blancs, et le pillage de leurs biens, les leur désignaient d’avance comme victimes. Mais l’audace et l’acharnement des Esquimaux à s’avancer dans les terres, à la poursuite de Célie, aussi loin des territoires qu’ils fréquentent d’ordinaire, étaient, plus il y réfléchissait, incompréhensibles pour Philip.

La sombre et rapide montée de la tempête le tira de ses préoccupations. Cela venait d’un point du ciel, vers le Nord-Est, et s’étendait comme un immense crêpe de deuil. Les nuages s’accumulaient, obstruant la lumière du jour et faisant la nuit avant l’heure. Le calme était oppressant. Pas une silhouette de sapin ne remuait autour de l’enclos. Philip fut sur le point d’appeler Célie, pour qu’elle vînt observer avec lui l’impressionnant phénomène. Déjà les loups n’étaient plus que des ombres fuyantes, à peine visibles dans la pénombre.

Absorbé dans sa contemplation, Philip n’entendit pas Célie, qui était sortie de sa chambre et, d’elle-même, l’avait rejoint. Il ne s’aperçut de sa présence que lorsqu’elle fut tout contre lui.

Ce déluge de nuit, qui paraissait submerger l’univers, les avait rapprochés l’un de l’autre, dans son angoisse effrayante. Sans qu’ils eussent parlé, Philip avait trouvé dans l’obscurité