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par le passé. Son allure inquiétait. Quelque chose, semblait-il, arriverait un jour.

Et ce quelque chose effectivement arriva. Bram tua un homme. Il le fit si dextrement, l’homme, brisé entre ses mains puissantes, comme un bâton qu’on casse, eut si peu le temps de faire ouf ! ni de jeter un appel de secours, que Bram était déjà loin avant qu’on eût seulement découvert que sa victime était morte.

La nouvelle tragédie suivit de près ; de quinze jours seulement. Le caporal Lee, accompagné d’un de ses hommes, était parti du Fort Churchill, pour arrêter Bram. Tous deux le rejoignirent sur la lisière du Barren[1]. Ils se trouvaient encore distants de lui d’un quart de mille et s’avancaient pour le rejoindre, lorsqu’ils entendirent éclater un grand rire étrange. Bram ne tira pas vers eux un seul coup de fusil. Il se contenta de lâcher ses loups. Par un miracle, le caporal Lee ne mourut pas immédiatement. Il put se traîner, Bram disparu, jusqu’à la case d’un métis. Il y expira peu après et le métis alla conter l’aventure au Fort Churchill.

Après ce coup, Bram disparut complètement et le monde humain ne le revit plus.

  1. Le Barren est, comme le Causse, la Brousse, la Pampa, la Steppe, le Maquis, un nom générique, intraduisible. Ce sont les régions les plus stériles du Northland. (Note des Traducteurs.)