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tion du combat, s’escrimait dans un coin, après un os, auquel il arrachait les derniers lambeaux de chair qui y adhéraient encore. On entendait le grincement puissant de ses mâchoires.

« J’ai trouvé ! s’exclama Philip. Les loups, comme les gens, ont besoin de manger pour vivre. Une fois Bram supprimé, je les laisserai mourir de faim dans leur enclos ! Cela demandera une semaine, un peu plus peut-être. C’est affaire de patience. Mais nous aurons le dernier mot ! Il faut que Célie le comprenne ; sacrifier Bram, d’abord, est une nécessité. »

Célie, justement, l’appelait. De la fenêtre il revint vers elle. Elle avait apporté de sa chambre et étalé sur la table de petits morceaux de papier, et semblait fort émue. Philip n’eut pas de peine à comprendre que ces papiers, au nombre de huit ou dix, sur chacun desquels était figuré un dessin, devaient, dans la pensée de Célie, suppléer entre eux deux aux paroles et expliquer ce qu’elle ne pouvait dire autrement.

Elle prononça son nom : « Philip ! » à nouveau dans un murmure de ses lèvres et il lui semblait étrangement ineffable qu’elle l’appelât ainsi par son nom, comme s’il s’agissait d’une chose toute naturelle.

S’étant penché sur les papiers, Philip remarqua qu’ils étaient souillés et usés, comme s’ils avaient été déjà, pendant longtemps, manipulés.