femme, qui s’était assise tout exprès, près de lui. Puis il la regarda béatement, qui allait et venait dans la chambre, rangeait des paquets mystérieux et préparait le repas.
Le jour s’écoula ainsi, loin de la forêt oubliée, et la lune était déjà levée lorsque Kazan se décida à rejoindre Louve Grise. Si Jeanne avait pu deviner que la pauvre bête, pour qui Kazan désormais était tout dans la vie, le soleil, les étoiles, la lune et la subsistance, gisait dans son fourré, elle aurait été elle-même secourir Louve Grise. Mais elle l’ignorait.
Huit jours passèrent encore, durant lesquels, reprenant ses vieilles habitudes, Kazan partagea son temps entre le fourré et la cabane. Puis, une après-midi, l’homme lui mit au cou un collier muni d’une solide lanière, qu’il attacha ensuite à un crampon de fer, dans le mur de bûches.
On l’y laissa, toute la journée et toute la nuit, et le lendemain, dès le point du jour, Jeanne et son mari furent debout.
Le mari de Jeanne prit dans ses bras le bébé et sortit le premier. Jeanne suivit, tenant en main la lanière et Kazan. La porte de la cabane fut refermée et solidement verrouillée, des planches et des troncs de jeunes arbres furent cloués extérieurement sur les volets, et le cortège descendit vers la berge du fleuve, où une grande pirogue attendait, toute chargée. La veille, un autre homme était venu et avait emmené avec lui le traîneau et les chiens de l’attelage. Dans la pirogue Jeanne monta d’abord, avec l’enfant et avec Kazan, qu’elle fit coucher auprès d’elle. Elle prit place au gouvernail, son mari se saisit des rames et l’embarcation s’éloigna du rivage, au fil de l’eau.
La jeune femme, tenant toujours en main la lanière qui retenait Kazan, se retourna vers la cabane,