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XI

LA TRAGÉDIE SUR LE SUN ROCK

Toute cette journée, Kazan demeura sur le Sun Rock. Le sentiment de sa paternité nouvelle était plus fort que l’appel de la cabane. Au crépuscule, Louve Grise se releva de sa couche et tous deux allèrent faire ensemble un tour sous les sapins. La louve, avec de petits grognements, mordillait gentiment le cou hirsute de Kazan. Et Kazan, selon le vieil instinct de ses pères, répondait en caressant de sa langue la gueule de Louve Grise. Celle-ci témoigna de sa satisfaction par une série de halètements saccadés, qui étaient sa manière de rire.

Puis, soudain, elle perçut un cri menu et plaintif qui venait jusqu’à elle. Elle se hâta de quitter Kazan et de regrimper vers la tanière, où l’un de ses trois petits l’appelait.

Kazan comprit que Louve Grise ne devait plus quitter, à cette heure, le sommet du Sun Rock et qu’il devait, seul, se livrer à la chasse, afin de pourvoir à la nourriture de sa compagne et à celle de sa couvée. Dès que la lune fut levée, il se mit donc en quête d’un gibier et, vers l’aube, il revint au gîte, en apportant dans sa mâchoire un gros lapin blanc. Louve Grise s’en reput gloutonnement. Et Kazan sut, dès lors, que chaque nuit il devait désormais agir de même.