dehors, à veiller, assis devant Le feu, sur le rebord du traîneau, avec Kazan à ses pieds.
Soudain, le silence fut rompu par le hurlement solitaire de Louve Grise. Kazan leva la tête et se reprit à gémir.
— Elle t’appelle, petit, fit Pierre, qui comprenait.
Il toussa, appuya sa main sur sa poitrine, que la douleur semblait déchirer. Puis, parlant à Kazan :
— Poumon mangé par le froid, vois-tu. Gagné cela au début de l’hiver, tout là-bas, vers le lac. J’espère pourtant que je pourrai regagner à temps le logis, avec mes deux Jeanne.
C’est une habitude que prend bientôt l’homme, dans la solitude et le néant du Wilderness, de monologuer avec lui-même. Mais Kazan, avec ses yeux pétillants d’intelligence, était un interlocuteur tout trouvé. C’est pourquoi Pierre lui parlait.
— Il nous faut, mon vieux, les ramener à tout prix, continua-t-il, en caressant sa barbe. Et cela, toi seul et moi, nous le pouvons faire. Une toux creuse le secoua. Il respira avec oppression, en s’étreignant la poitrine, et reprit :
— Le gîte est à cinquante milles, en ligne droite. Je prie Dieu que nous puissions y parvenir sains et saufs, et que mes poumons ne m’abandonnent pas auparavant.
Il se releva, en chancelant un peu, et alla vers Kazan. Il attacha la bête derrière le traîneau ; puis, après avoir jeté d’autres branches sur le feu, il entra sous la tente, où Jeanne et l’enfant dormaient.
Trois ou quatre fois au cours de la nuit, Kazan entendit la voix de Louve Grise appelant le compagnon qu’elle avait perdu. Mais Kazan comprenait qu’il ne devait plus lui répondre. Vers l’aurore, Louve Grise approcha à une courte distance du campement,