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point d’observer, à travers les ramures clairsemées des sapins et des cèdres, le feu qui brillait et dont la lueur arrivait jusqu’à eux. Ils humaient l’air nocturne et savaient que les deux êtres humains étaient là. Et le même désir persistait chez Kazan d’aller vers ce feu, entraînant avec lui Louve Grise, et de rejoindre la femme et sa caresse. La même crainte subsistait aussi de l’homme qui accompagnait cette femme, car l’homme avait toujours été pour lui synonyme de gourdin, de fouet, de douleur et de mort.

Louve Grise, de son côté, pressait Kazan, en le poussant doucement, de s’enfuir avec elle, plus loin du feu et plus profondément dans le bois. Comprenant qu’il n’était pas en état de la suivre, elle avait couru nerveusement de tous côtés, songeant, sans pouvoir s’y décider, à fuir seule. De ses empreintes, la neige, autour d’eux, était toute maculée. Mais toujours son instinct de femelle avait été le plus fort et chaque fois, elle était revenue vers Kazan.

La première, elle vit Pierre Radisson qui avançait sur la piste. Kazan, qu’elle avait averti par un grognement, aperçut la forme ombreuse qui venait dans la clarté des étoiles. Son premier mouvement, fut de fuir et il tenta de se traîner en arrière.

Mais il ne gagnait que quelques pouces de terrain, tandis qu’au contraire l’homme se rapprochait rapidement. Il vit, dans sa main, scintiller le canon du fusil. Il entendit la toux creuse et le crissement des pas sur la neige.

Louve Grise se blottit d’abord contre Kazan, tremblante et grinçant des dents. Puis, quand Pierre ne fut plus qu’à quelques pieds, l’instinct de la conservation l’emporta et elle disparut, silencieuse, parmi les sapins.

Les crocs de Kazan se découvrirent, menaçants, tandis que Pierre continuait à marcher sur lui, puis,