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Kazan et Louve Grise étaient blessés, et lui plus gravement qu’elle. Il était tout saignant et déchiré. Une de ses pattes était profondément entaillée. À la lisière d’un bois, un feu brillait. Il vit ce feu et un impérieux désir le saisit de ramper vers lui, de sentir sur sa tête passer la caresse de la main de la femme qu’il savait là, comme il avait jadis senti l’autre main. Vers cette caresse il serait allé, en tâchant de décider Louve Grise à le suivre. Mais, près de la femme, il y avait un homme. Il se prit à gémir.

Il sentait qu’il était désormais un paria dans le monde. Il avait combattu contre ses frères sauvages, qui jamais plus désormais ne viendraient à son appel, quand il pousserait vers le ciel son hurlement. Ce ciel, la lune et les étoiles, et les vastes plaines neigeuses étaient contre lui maintenant. Et vers l’homme il n’osait pas non plus retourner.

Avec Louve Grise il se dirigea vers le bois, loin du feu brillant. Si mal en point était-il qu’à peine l’eut-il atteint, il dut se coucher sur le sol. Les relents du campement arrivaient cependant jusqu’à lui et Louve Grise, se serrant câlinement contre son corps, s’efforçait de calmer, de sa tendre langue, ses blessures saignantes, tandis que, soulevant sa tête, il gémissait doucement aux étoiles.