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VI

L’ATTAQUE DU TRAINEAU

Tous deux, cette nuit-là, trouvèrent un paisible abri sous les baumiers et les sapins épais. Le sol, tapissé de fines aiguilles que la neige n’avait point recouvertes, leur offrit pour s’y étendre son moelleux capiton. Louve Grise pelotonna son corps chaud contre celui de Kazan, en continuant à lécher ses blessures.

Au point du jour, une neige épaisse et veloutée tomba, voilant le paysage autour d’eux, comme d’un rideau. La température s’était radoucie et l’on n’entendait rien, dans l’immense silence, que le volètement des blancs flocons. Toute la journée, Kazan et Louve Grise coururent de compagnie. De temps à autre, Kazan tournait la tête vers la crête qu’il avait franchie l’avant-veille et Louve Grise ne pouvait s’expliquer les sons étrangers qui roulaient dans sa gorge.

Vers le soir, le couple n’ayant rencontré aucun gibier, Kazan ramena Louve Grise au bord du lac, vers les débris du double festin du jour précédent qui pouvaient encore subsister.

Quoique Louve Grise n’eût point fait directement connaissance avec les viandes empoisonnées, avec les appâts savamment disposés par l’homme sur le