comme des baguettes de tambour, avec un bruit sec, les ramures des arbres.
Deux fois encore, Kazan lança son hurlement, afin d’être bien sûr de tenir son nouveau cri. Puis il se remit en route.
Il arriva au pied d’une crête abrupte et raboteuse, qu’il escalada en décrivant un détour, et dont il atteignit ainsi le sommet.
Une fois là, il lui sembla que les étoiles et la lune étaient plus près de lui, et il s’en émerveilla. Puis, ayant porté ses regards sur le revers de la crête, il découvrit à ses pieds une vaste plaine, avec un lac gelé, qui étincelait au clair de lune. De ce lac sortait une rivière blanche de gel, elle aussi, et qui disparaissait ensuite parmi des arbres paraissant, autant qu’il en pouvait juger, moins touffus et moins denses que ceux dont était bordé le marais.
Et voilà qu’au loin, dans la plaine, un cri retentit, pareil à celui que lui-même avait jeté, le cri du loup ! Ses mâchoires claquèrent, ses crocs brillèrent et il fut pour répondre aussitôt. Mais l’instinct de défiance du Wild, qui était inné en lui et lui commandait d’être prudent, fit qu’il se tut.[1]
Il continua à écouter, tout frémissant, en proie à une excitation sauvage, qu’il pouvait à peine maîtri-
- ↑ Le Wild, ou le Wilderness, est un terme générique, intraduisible, qui, comme le Causse, la Brousse, la Pampa, la Steppe, la Jungle, le Maquis, désigne une région particulière et l’ensemble des éléments types qui la constituent. Le Wild, qui occupe une grande partie du Northland américain, s’étend jusqu’au Cercle Arctique. Ce n’est plus la terre normalement habitable, et ce n’est point encore la région morte du Pôle. Les forêts, alternées de prairies, sont nombreuses. Durant la plus grande partie de l’année, l’hiver sévit et la neige recouvre uniformément la terre. Un bref été fait croître hâtivement une végétation rapide et luxuriante. Le sol est tantôt plat, telles les étendues dénudées des Barrens, tantôt montagneux et accidenté.