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deux. Les cris se succédaient. Elle appelait Thorpe et criait aussi :

— Kazan ! Kazan !

Il bondit à nouveau et fut rejeté sur le dos. Une deuxième fois, une troisième, il renouvela ses efforts. Le collier de babiche lui coupait le cou et entrait dans sa chair comme un couteau. Force lui fut de s’arrêter, pour reprendre haleine.

À l’intérieur de la tente, la lutte continuait, terrible. De temps à autre, par la petite fente de la toile, Kazan apercevait deux ombres qui tantôt luttaient debout, et tantôt se roulaient et se tordaient sur le sol. En un dernier et plus violent effort, l’animal s’élança de tout son poids, avec un hurlement féroce. Il y eut autour de son cou un imperceptible craquement. C’était le collier qui cédait.

Le temps d’un éclair, Kazan était dans la tente, à la gorge de Mac Gready. La première étreinte de sa puissante mâchoire était la mort. Il y eut un râle étouffé, suivi d’un atroce sanglot, et Mac Gready s’effondra sur ses genoux, puis sur son dos. Et plus profondément encore, ivre du sang chaud qui lui coulait de la bouche, Kazan enfonça ses crocs dans la gorge de son ennemi.

Il entendit sa maîtresse qui l’appelait. Tirant sur son cou touffu, elle s’efforçait de lui faire lâcher prise. Il fut long à obéir, puis se décida à écarter ses mâchoires. Alors Isabelle se pencha vers l’homme, le regarda, puis se couvrit la face avec ses mains. Elle se recula ensuite jusqu’à son lit et s’y affala sur les couvertures. Elle aussi ne bougeait plus. Inquiet, Kazan alla vers elle. Il flaira son visage et ses mains, qui étaient froids, et y promena tendrement son museau. Elle ne remuait toujours pas. Ses yeux étaient clos.

Sans perdre de vue le cadavre de Mac Gready et