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il chercha de la main son revolver. L’arme était restée à l’intérieur de la tente. Mais, à ses pieds, le fouet de Mac Cready était posé sur la neige. Thorpe s’en saisit et, dans sa colère, se précipita vers Kazan.

Le chien, aplati sur le sol, ne fit pas un mouvement pour fuir ni se défendre. Le châtiment qu’il reçut fut terrible. Mais il le souffrit sans une plainte, sans un grognement.

Alors Kazan vit la jeune femme, qui avait repris ses esprits, s’élancer vers le fouet dont la lanière se balançait encore sur la tête de Thorpe et, le saisissant, l’arrêter.

— Pas un autre coup ! cria-t-elle, d’une voix impérative et suppliante à la fois.

Elle tira son mari à l’écart.

— Kazan, murmura-t-elle toute blême et tremblante encore d’émotion, ne s’est pas jeté sur moi. Mais, comme le guide s’inclinait vers le contenu du traîneau, continua-t-elle en serrant plus fort le bras de Thorpe, j’ai senti sa main frôler mon dos et mes cheveux. C’est alors seulement que Kazan a bondi. Lui, ne voulait pas mordre. C’était l’homme ! Quelque chose se passe, que je ne comprends pas. J’ai peur.

— Voyons, répondit Thorpe, calme-toi un peu, chère amie. Mac Cready ne t’a-t-il pas dit qu’il connaissait ce chien ? Il peut, en effet, l’avoir possédé avant nous et l’avoir injustement maltraité, si bien que Kazan ne l’a point oublié et lui en garde une tenace rancune. Je tâcherai, à l’occasion, d’éclaircir ce point. En attendant, promets-moi, je te le demande à nouveau, d’être circonspecte et de te tenir éloignée de l’animal.

Isabelle promit. Mais, en voyant se dresser vers elle la belle tête de Kazan, dont un des yeux était demeuré fermé sous la morsure du fouet, et dont la gueule dégouttait de sang, elle ne put retenir un mou-