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les loups ? S’il arrivait malheur à ces deux pauvres bêtes, j’en serais inconsolable.

L’homme répondit :

— Ta pensée correspond à la mienne… Oui, je te le promets.

La nuit montait rapidement au ciel, qui commençait à se cribler d’étoiles.

Pour la seconde fois, l’appel gémissant retentit. Aucun doute n’était plus possible. La voix arrivait directement du Sun Rock.

— Mais, et lui, murmura Jeanne, avec un peu d’angoisse. Lui, où est-il ?

À ce moment, une forme confuse bondit dans l’ombre.

— C’est lui ! cria la jeune femme. C’est lui ! Le voilà !

Déjà Kazan était vers elle, en aboyant et sautant, et agitant le panache de sa queue.

— Il te reconnaît, ma parole ! dit en riant le mari, et sa passion pour toi est toujours la même.

Tout heureuse, Jeanne caressait l’animal, passant sa main dans le poil rude et dorlotant entre ses bras la grosse tête broussailleuse.

Soudain, le plaintif appel, qui semblait venir du Sun Rock, résonna à nouveau. Aussitôt, comme frappé par un fouet, Kazan sursauta et, se débattant, s’échappa brusquement de la folle étreinte de Jeanne. L’instant d’après, il avait disparu.

La jeune femme était tout émue. Presque haletante, elle se tourna vers son mari, qui était devenu pensif.

— Tu vois, lui dit-elle, qu’il y a un Dieu du Wild, un Dieu qui a donné une âme, même aux bêtes sauvages. Dans l’immensité solitaire du Grand Désert Blanc, les animaux sont nos frères. Et c’est pourquoi ce Dieu nous dit : « Tu ne les tueras point. »

— Je le crois, ma Jeanne chérie, murmura l’homme.