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voyage, à emballer ses bagages et à classer ses notes.

La nuit qui suivit fut calme et claire. Tandis que Weyman dormait à l’intérieur de la cabane, dehors, le grand danois en faisait autant, au bout de sa chaîne. Seul, Kazan ne faisait que somnoler, son museau entre ses pattes, les paupières mi-closes.

Quoiqu’il fût moins agité que la nuit précédente, il redressait la tête, de temps à autre, en humant l’air.

Soudain, le craquement d’une brindille sur le sol le fît sursauter. Il ouvrit tout à fait les yeux et renifla. Un danger immédiat était dans l’air. Le gros danois continuait à dormir.

Quelques minutes après, une forme ombreuse apparut dans les sapins, derrière la cabane. Elle approchait prudemment, la tête baissée, les épaules ramassées. Pourtant, à la lueur des étoiles, Kazan ne tarda pas à reconnaître la face patibulaire de Sandy Mac Trigger. Il ne bougea pas, suivant l’usage du loup, et feignit de ne rien voir, de ne rien entendre.

Mac Trigger, cette fois, n’avait à la main ni fouet, ni gourdin. Mais il tenait un revolver, dont le canon poli scintillait imperceptiblement. Il fit le tour de la cabane, à pas silencieux, et arriva devant la porte, qu’il se préparait à enfoncer d’un bref et violent coup d’épaule.

Kazan épiait tous ses mouvements. Il rampait sur le soi, en oubliant sa chaîne. Chaque once de force de son corps puissant se rassemblait sur elle-même pour bondir.

Il bondit, et l’élan fut tel qu’un des anneaux d’acier, plus faible que les autres, céda, avec un bruit sec. Avant que Sandy Mac Trigger eût eu le temps de se retourner et de se mettre en garde, le chien-loup était à sa gorge.

Avec un cri d’épouvante, l’homme chavira et, tandis qu’il roulait sur le sol, la voix grave du gros danois