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bouleau. Elle poussa Kazan de l’épaule et tous deux se défilèrent, au petit trot et en silence, dans la direction opposée.

Sandy continua à ramper comme un serpent, mais ne trouva rien. Après une heure de chasse vaine, il retourna sur ses pas, vers le fleuve et vers la pirogue. Il poussa un juron et sa face mauvaise se crispa. Les deux bêtes étaient, derrière son dos, revenues boire dans le fleuve. De nouvelles empreintes, toutes fraîches, le lui apprenaient, sans nul doute possible.

Puis il se mit à rire sous cape, tandis qu’il sortait de la pirogue son sac de voyage et tirait de celui-ci une petite pochette de caoutchouc.

De cette pochette il extirpa un flacon hermétiquement bouché, qui contenait de menues capsules de gélatine. Chacune d’elles renfermaient cinq granules de strychnine.

Sur les bords du Yukon, il avait été beaucoup dit de choses sombres au sujet de ces granules. On assurait que leur propriétaire avait, une fois, pour les essayer, laissé choir l’une d’elles dans une tasse de café qu’il offrait à boire à un autre homme, Cela non plus n’avait pas été prouvé.

Ce qui est certain, c’est que Sandy Mac Trigger était, pour ses chasses, un maître dans l’emploi du poison. Ce sont des milliers de renards dont il s’était ainsi emparé et il ricanait encore aujourd’hui, sinistrement, en songeant combien il lui serait facile, par ce moyen, de mettre à la raison cette paire de loups, si curieux de lui.

Quelques jours auparavant, il avait tué un caribou dont il avait chargé sur son embarcation les meilleurs morceaux. Et, à l’aide de bâtonnets, afin qu’il n’y eût aucune odeur de ses doigts adhérente à l’appât, il commença à englober dans un peu de graisse, puis à enrouler dans des bandes de peau, une des mortelles capsules.