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XXIV

LA CAPTURE

L’incendie auquel Kazan et Louve Grise avaient miraculeusement échappé ne fut pas le seul qui, cette année-là, désola le Nortland. D’autres feux, malencontreusement allumés par des imprudences d’indiens ou d’hommes blancs, ajoutèrent leur fléau au gel excessif de l’hiver, à la famine et à la Peste Rouge, et dévastèrent, en juillet et août, des régions entières.

Kazan et Louve Grise atteignirent bientôt des forêts dévastées par la flamme, que les vents d’est, venant de la Baie d’Hudson, avaient attisée, et où toute trace de vie, tout vestige vert avait disparu. Les doux coussinets de leurs pattes ne foulaient plus que des souches roussies, des bûches carbonisées et un sol noirci. La louve aveugle ne pouvait voir le monde noir où ils évoluaient, mais elle le sentait des narines.

Devant cette désolation infinie, Kazan semblait hésiter sur la route à suivre. En dépit de sa haine des hommes, il eût préféré redescendre vers le sud. Car c’est au sud qu’est la civilisation et l’instinct du chien le ramène toujours, malgré lui, dans cette direction. L’instinct du loup, au contraire, le repousse toujours vers le nord, et c’est vers le nord que Louve Grise prétendait aller.

Ce fut elle qui, finalement, l’emporta, Le couple con-