que, une odeur rance, aux relents de poisson, et ils ne doutèrent point qu’ils allaient rencontrer un de leurs ennemis à large queue. Ils redoublèrent de prudence et parvinrent, sans être entendus, en face de la loutre. Kazan s’arrêta brusquement et, en guise d’avertissement, heurta de l’épaule la louve aveugle.
L’ultime plongée du soleil à travers les arbres s’était éteinte et le crépuscule commençait à tomber. Dans le bois qui s’obscurcissait, un hibou saluait la nuit de son premier appel, aux notes sourdes. La loutre s’agitait sur sa souche. Une sorte de malaise s’emparait d’elle et son museau moustachu se contractait. Elle était prête à s’éveiller lorsque Kazan bondit sur elle.
Face à face, en franche bataille, la loutre aurait pu encore se défendre et prouver sa valeur. Mais le Wild avait décrété, cette fois, qu’elle devait mourir. O-se-ki, l’Esprit immanent et tout-puissant, s’appesantissait sur elle. Il était plus redoutable que l’homme et elle n’avait nul moyen de lui échapper.
Les crocs de Kazan s’enfoncèrent dans la veine jugulaire de la loutre et elle mourut instantanément, avant même d’avoir pu connaître qui lui avait bondi dessus. Quant au chien-loup et à la louve, ils reprirent leur tournée, cherchant toujours des castors à égorger, et sans se douter qu’en tuant la loutre ils avait supprimé le seul allié qui aurait, à la longue, fini par faire évacuer le marais à l’ennemi commun.
La situation, pour eux, ne fit dès lors qu’empirer. Dent-Brisée et sa tribu, maintenant qu’il n’y avait plus de loutre, avaient beau jeu pour poursuivre leurs constructions. Ils ne s’en firent pas faute et, en juillet, la dépression presque entière qu’occupait le marais était profondément sous l’eau.
Kazan et Louve Grise furent pris d’effroi devant cet incoercible pouvoir qui leur rappelait celui de