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Kazan arriva ainsi à l’une des extrémités du barrage. C’était nouveau pour lui. Mais l’instinct lui enseignait que cet ouvrage était l’œuvre de Dent-Brisée et de sa tribu. Pendant quelques instants, il s’acharna furieusement contre les bûches et contre les brindilles entrelacées.

Soudain, à quelque cinquante pieds de la berge, vers le centre de la digue, l’eau s’agita et la grosse tête ronde de Dent-Brisée émergea.

Pendant une demi-minute de tension mutuelle, le castor et le chien-loup se mesurèrent du regard. Puis, tout tranquillement, Dent-Brisée sortit de l’eau son corps humide et luisant, grimpa au faîte de la digue, et s’y étala à plat ventre, face à Kazan. Le vieil ingénieur était seul. Aucun autre castor ne se montrait plus. La surface de l’étang était maintenant sans une ride.

Vainement, Kazan tenta de découvrir un passage lui permettant d’arriver jusqu’à son ennemi, qui semblait le narguer. Mais, entre le mur solide de la digue centrale et la berge, il n’y avait qu’une charpente à claire-voie, à travers laquelle l’eau transitait en bouillonnant, comme à travers les portes à demi fermées d’une écluse.

Par trois fois, Kazan s’acharna à se frayer un chemin dans cet enchevêtrement de branches et, trois fois, ses efforts n’aboutirent qu’à un brusque plongeon dans l’étang.

Le vieux patriarche, pendant ce temps, ne remuait toujours pas. Quand, enfin, Kazan découragé eut abandonné son attaque, Dent-Brisée se laissa glisser sur le bord de la digue et disparut sous l’eau. Le malin castor avait appris que, pas plus que le lynx, Kazan n’était capable de combattre dans l’eau et il alla répandre cette bonne nouvelle parmi les autres membres de la tribu.