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de bruit et les ouvriers de Dent-Brisée ne se doutaient en rien de leur présence. Dent-Brisée en personne était fort occupé à saper un arbre. Près de lui, quatre ou cinq bébés castors s’amusaient à construire une digue en miniature, avec de la boue et des petites branches. Sur la grande digue, d’autres enfants castors, un peu plus âgés mais pas encore adultes, grimpaient, puis se divertissaient follement à se laisser glisser sur sa pente, conme en tobogan, pour culbuter finalement dans l’eau. C’était leurs ploufs ! et leurs petits cris joyeux que Kazan et Louve Grise avaient entendus.

Les castors adultes étaient au travail en divers endroits.

Kazan avait déjà assisté à des scènes semblables lorsque, dans la partie supérieure de la vallée, il était passé près de la première colonie des castors. Cela ne l’avait point alors intéressé.

Il n’en était plus de même aujourd’hui. Les castors avaient cessé d’être pour lui de simples animaux aquatiques, coriaces et non comestibles, et qui exhalaient une odeur déplaisante. C’étaient les envahisseurs de son domaine, donc des ennemis, et ses crocs se découvraient en silence. Son échine se mit en brosse, les muscles de ses pattes de devant, et ceux de ses épaules, se tendirent comme des cordes de fouet et, sans jeter un seul cri, il se précipita sur Dent-Brisée.

Le vieux patriarche n’avait point pressenti le danger qui le menaçait. Il n’aperçut Kazan que quelques secondes avant que le chien-loup l’eût atteint. Il s’arrêta de scier son arbre ; mais, lent à se mouvoir sur la terre ferme, il parut hésiter un instant. Kazan était déjà sur lui lorsqu’il se laissa dégringoler vers le torrent.

Il y eut un corps à corps rapide entre le castor et son agresseur. Mais Dent-Brisée glissa comme de