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XX

L’ÉDUCATION DE BARI

Frustrés une première fois des joies de la famille par le drame du Sun Rock, Kazan et Louve Grise n’avaient pas oublié la tragique aventure.

Au moindre bruit, Louve Grise tressaillait et tremblait, prête à bondir sur l’invisible ennemi qui se présenterait et à déchirer toute chair qui n’était pas celle de Kazan et de son petit.

Kazan n’était pas moins inquiet et alerté. Sans cesse il sautait sur ses pattes et épiait autour de lui. Il se défiait des ombres mouvantes, que promène le vent sous le soleil ou sous la lune. Le craquement d’une branche, le frémissement de la moindre brindille faisaient se retrousser ses lèvres sur ses crocs. Il menaçait et grondait vers la douceur de l’air, chaque fois qu’une odeur étrangère arrivait à ses narines.

Pas un seul instant, ni jour, ni nuit, il ne se distrayait de sa garde. Aussi sûrement que l’on s’attend, chaque matin, à voir se lever le soleil, il s’attendait à voir, un jour ou l’autre, tôt ou tard, apparaître, en bondissant ou en rampant, leur mortel ennemi. C’était en une heure pareille que le lynx avait amené avec lui la cécité et la mort.

Mais la paix avait étendu sur le marais ses ailes de soleil. Il n’y avait, autour de Kazan et de Louve