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joyeux de son attelage, auquel l’homme jetait la pâture quotidienne de poissons séchés.

Mille par mille, inéluctablement, Kazan se rapprochait du Poste et Louve Grise sentait approcher l’heure où l’appel final, plus fort que les autres, lui enlèverait son compagnon.

Dans la succursale de la Compagnie de la Baie d’Hudson, l’animation était grande. Jours de règlements de compte pour les trappeurs, jours de bénéfices et jours de plaisirs. Jours où le Wild apportait son trésor de fourrures, qui serait expédié ensuite vers Londres et vers Paris, et vers les autres capitales de l’Europe.

Et il y avait, cette année-ci, dans le rassemblement de tous les gens du Wild, un intérêt supplémentaire et plus palpitant que de coutume. La Mort Rouge avait passé et maintenant seulement on connaîtrait, en les voyant ou ne les voyant pas revenir, le nombre de ceux qui avaient survécu ou trépassé.

Les Indiens Chippewayans et les métis du Sud arrivèrent les premiers, avec leurs attelages de chiens hybrides, ramassés de long des frontières du monde civilisé.

Après eux apparurent les chasseurs des terres stériles de l’Ouest. Ils apportaient leurs charges de peaux de caribous et de renards blancs, halées par une armée de hounds du Mackenzie, aux grandes pattes et aux gros pieds, qui tiraient aussi dur que des chevaux et qui se mettaient à piailler comme des roquets qu’on fouette, lorsque les gros huskies et les chiens esquimaux leur couraient sus. Les chiens du Labrador, farouches et terribles entre tous, et que la mort seule pouvait vaincre, arrivaient des parages septentrionaux de la Baie d’Hudson. Les malemutes de l’Athabasca étaient énormes, avec une robe sombre, et les chiens esquimaux, jaunes ou gris, étaient aussi prestes