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bataille. De ses ancêtres danois il avait hérité une masse formidable et une mâchoire capable de broyer dans son étreinte la tête d’un chien ordinaire. Mais en Kazan il trouvait à la fois le chien et le loup, leurs divers modes de combat, et ce qu’il y avait de meilleur dans l’une et dans l’autre race. Tous deux, enfin, s’étaient refait des forces sur la chair du vieil élan.

Ils s’étaient mutuellement empoignés, et solidement, Kazan tenant le husky par l’épaule, le husky tenant Kazan par la gorge et y cherchant la veine jugulaire. Puis, ensemble, ils se lâchèrent et se dégagèrent, pour une attaque nouvelle. Les quatre chiens s’avancèrent légèrement, vigilants, l’œil fixe et la gueule ouverte, dans l’attente du dénouement.

Recourant à sa tactique favorite, Kazan se mit à tourner en rond autour de son adversaire, comme il avait fait, avec Louve Grise, autour du vieil élan. Le husky parut tout décontenancé. Il pivotait péniblement sur lui-même, les oreilles rabattues, et boitant sur son épaule brisée.

Toute la prudence de Kazan lui était revenue et, quoiqu’il saignât abondamment, il avait repris sa sagesse et sa maîtrise de lui. Cinq fois il décrivit autour du gros husky son cercle fatal. Puis, soudain, comme part un coup de feu, il s’élança de côté sur son ennemi, de tout son poids, pour le renverser.

Le choc fut si violent que le husky en culbuta, les quatre pattes en l’air. Et déjà les quatre chiens, qui composaient l’impitoyable tribunal de mort, étaient sur lui.

Toute la haine accumulée en eux durant des semaines et des mois, contre le chef arrogant, aux longs crocs, qui les avait tyrannisés sous le harnais, se donna libre cours et, en un clin d’œil, il fut mis en lambeaux.

Kazan vint fièrement se camper aux côtés de Louve