lant, mais un simple escarpe, qui aime à tuer par derrière et sans risques, il fit demi-tour et s’en alla quérir une autre proie. Il rencontra un hibou posé sur le sol et, ayant sauté dessus, dut se contenter d’un peu de chair sous une masse volumineuse de plumes.
Kazan, par contre, fut impuissant à arrêter l’invasion des hermines, ces petits outlaws blancs du Wiîdernes. Elles auraient glissé entre les pieds même d’un homme, pour parvenir, comme elles le voulaient, à la viande et au sang du vieil élan.
Sauvagement Kazan les pourchassait, de droite et de gauche. Mais, dans la clarté lunaire, elles semblaient plutôt des lueurs fugitives que des êtres vivants. Plus rapides que lui dans leurs mouvements, elles lui échappaient toujours. Elles creusaient des galeries dans la neige, jusque sous le ventre de l’élan, qu’elles rongeaient, et s’y gorgeaient tout à leur aise. Exaspéré, Kazan mordait à tort et à travers, et avait de la neige plein la gueule.
Placidement, Louve Grise, assise sur son derrière, le laissait faire. Elle savait qu’il n’y avait rien à tenter avec les petites hermines et elle jugeait superflu de s’en tourmenter autrement. Kazan finit par le comprendre, lui aussi, et s’en vint la retrouver, haletant et soufflant.
Une partie de la nuit s’écoula sans incident. De temps à autre seulement, on entendait le hurlement lointain d’un loup, ou, ponctuant le silence funèbre, le hululement du hibou blanc que Kazan avait chassé et qui, du sapin sur lequel il était perché, susurrait sa protestation.
La lune était au zénith, au-dessus de la clairière, lorsque Louve Grise commença à s’agiter. Face à la piste sanglante, elle gronda, pour avertir Kazan. Si féroce était son grondement que son compagnon ne se souvenait pas d’en avoir entendu un pareil