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Kazan aperçut l’être ailé qui s’était installé sur une des épaules du vieil élan. Rapide comme l’éclair, il sortit de son buisson, suivi de Louve Grise, et, avec un grondement de colère, bondit vers le voleur, les mâchoires béantes. Mais sa gueule se referma sur le vide. Son bond l’avait porté trop loin et, quand il se retourna, le hibou s’était envolé.

Il fit le tour de l’élan, le poil en brosse, les yeux dilatés et menaçants, grondant et grognant vers l’air paisible. Ses mâchoires claquaient vers un ennemi invisible et il s’assit sur son derrière, en face de la piste sanglante qu’en venant mourir ici l’élan avait tracée dans la forêt. Son instinct lui disait que c’était par là que les maraudeurs surviendraient. Les petites hermines, aux mouvements vifs, qui partout, cette nuit-là, trottaient et sautillaient à la ronde, au clair de lune, pareilles à des rats blancs, découvrirent les premières le long ruban rouge qui se déroulait sur la neige. Féroces et avides de sang, elles le suivirent, en bonds souples et rapides.

Un renard, de son côté, avait, à un quart de mille, flairé l’odeur de la chair fraîche, que lui apportait le vent. Et il arrivait, lui aussi. Sortant d’un trou profond, creusé au centre d’un arbre mort, un chat-pêcheur, au ventre vide, aux petits yeux ronds, semblables à des grains de chapelet, se mit également en route, sur le ruban cramoisi.

Comme il était le plus proche, c’est lui qui se présenta tout d’abord. Kazan fonça vers lui. Il y eut une volée de coups de griffes, un grognement, des cris mutuels de douleur, et le chat-pêcheur oublia sa faim dans la fuite. Kazan s’en revint vers Louve Grise, le museau lacéré et saignant. Elle le lui lécha, tandis qu’il demeurait les oreilles raides et aux écoutes.

Le renard avait entendu les bruits du conflit. Comme il n’est pas, de sa nature, un lutteur bien vail-