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Vainement Louve Grise reniflait l’air, de droite et de gauche. Quant à Kazan, son ascension l’avait tellement essoufflé qu’il en haletait, la langue pendante. En revenant bredouille au gîte, il trébucha sur un obstacle insignifiant, qu’il avait tenté de franchir d’un bond. Sa faiblesse et celle de Louve Grise ne faisaient qu’augmenter, de même que leur faim.

Pendant la nuit, qui était lumineuse et pure, ils recommencèrent à fouiller le marais. La seule créature qu’ils entendirent remuer fut un renard. Mais ils savaient trop bien qu’il était futile d’espérer le gagner à la course.

Soudain, la pensée de la cabane abandonnée d’Otto, le chasseur de fourrures, vint à Kazan. Dans son cerveau, cabane avait toujours été synonyme de chaleur et de nourriture. Il ne songea pas que la cabane enclpsait la mort et que devant elle, lui et Louve Grise avaient jeté le hurlement funèbre. Et il fila, droit dans cette direction, La louve aveugle le suivit.

Chemin faisant, Kazan continuait à chasser ; mais sans conviction. Il semblait découragé. La nourriture que devait enfermer la cabane était son dernier espoir. Louve Grise, au contraire, demeurait alertée et vigilante. Sans cesse elle promenait son nez sur la neige et reniflait l’air.

L’odeur tant désirée vint enfin. Elle s’arrêta, et Kazan fit comme elle. Tendant ses muscles déprimés, il la regarda qui, les pattes de devant plantées dans la neige, dilatait ses narines, non dans la direction de la cabane, mais plus à l’est. Tout le corps de la louve frémissait et tremblait.

Un bruit imperceptible et lointain encore arriva jusqu’à eux et ils prirent leur course de ce côté. L’odeur se fit plus forte à mesure qu’ils avançaient. Ce n’était pas celle d’un lapin ou d’une perdrix. C’était celle d’un gros gibier. Ils commencèrent à aller plus prudemment.