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Avec l’aube, il se déchaîna dans toute sa furie. Kazan et Louve Grise serrés l’un contre l’autre, en frissonnaient, dans l’infernal vacarme. Kazan, un moment, tenta de hasarder dehors sa tête et ses épaules, il fut repoussé en arrière.

Tous les animaux du Wild, tout ce qui y possédait vie, se tapit davantage encore dans ses refuges. Les bêtes à fourrures étaient celles qui avaient le moins à redouter de la violence et de la durée de ce cataclysme atmosphérique. Car au fond de leurs tanières elles entassent précautionneusement des vivres, durant la belle saison.

Les loups et les renards étaient blottis sous les arbres renversés ou dans les antres des rochers. Les choses ailées s’abritaient tant bien que mal dans les ramures de sapins ou se creusaient de petits silos dans les dunes de neige, du côté opposé au vent. Les hiboux, qui sont tout en plumes, de tous les oiseaux étaient ceux qui souffraient le moins du froid. Mais c’était pour les grosses bêtes à cornes et à sabots que l’ouragan du Nord était le plus calamiteux.

Le renne, le caribou et l’élan ne pouvaient, étant donné leur taille, se glisser aux fentes des rochers. Le mieux qu’ils pussent faire, quand ils étaient surpris en rase plaine, était de se coucher sous le vent de quelque dune neigeuse, et de se laisser couvrir entièrement par les blancs flocons et par leur carapace protectrice. Mais encore ne pouvaient-ils demeurer longtemps dans l’abri de cet ensevelissement volontaire. Car il leur fallait manger, Dix-huit heures durant, sur vingt-quatre, les mâchoires de l’élan doivent fonctionner, pendant l’hiver, pour qu’il ne meure point de faim. Son vaste estomac exige la quantité et doit engloutir sans trêve ; c’est deux ou trois boisseaux de nourriture journalière qu’il lui faut. Et le travail est long de gri-