sous la neige, comme font souvent les chiens, la moitié d’un lapin inachevé. Il le déterra et partagea avec Louve Grise la chair gelée.
Le thermomètre, durant la journée, continua à baisser. La nuit qui suivit fut claire et sans nuages, avec une lune blanche, pareille à un globe électrique, et des myriades de brillantes étoiles. La température tomba encore de dix autres degrés et, dans la nature, tout acheva de s’immobiliser. Même les bêtes à fourrure, le vison, l’hermine et le lynx lui-même, ne sortaient jamais de leurs refuges durant des nuits semblables, et toujours les trappeurs retrouvaient, le lendemain, tous leurs pièges intacts.
La faim qu’ils éprouvaient était insuffisante encore pour tirer Louve Grise et Kazan de leur retraite. Ils demeurèrent, jusqu’au jour, au chaud dans leur arbre, et firent bien. Car ils n’eussent pas rencontré dehors la moindre bestiole.
Le jour apparut, sans aucun changement dans le redoutable froid qui sévissait. Vers midi, Kazan, laissant Louve Grise dans l’arbre, se décida à aller seul en chasse.
Les trois quarts de chien qu’il avait dans le sang lui rendaient la nourriture plus nécessaire qu’à sa compagne. À celle-ci, au contraire, comme à tous ses frères loups, la prévoyante nature avait donné un estomac susceptible de supporter la famine. En temps normal, elle pouvait facilement demeurer une quinzaine sans manger. Par soixante degrés sous zéro, alors que la déperdition des forces est plus rapide, elle pouvait encore tenir à jeun pendant huit ou dix jours. Or trente heures seulement s’étaient écoulées, depuis qu’elle avait terminé le dernier morceau du lapin gelé, et elle préférait rester dans sa chaude retraite.
Kazan donc, qui avait faim, se mit à battre tous