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plaine sur laquelle un incendie avait passé, l’été précédent, grimpèrent sur une crête qui se trouvait devant eux, puis redescendirent vers une seconde plaine.

Là, Louve Grise s’arrêta, pour humer l’air. Kazan l’observa, attentif et nerveux, durant quelques instants, comme il en avait coutume. Mais, presque aussitôt, il comprit pourquoi les oreilles dressées de Louve Grise se rabattaient brusquement et lui-même sentit s’affaisser son train d’arrière. Ce n’était point un gibier qui était proche. C’était une autre odeur, celle de l’homme, qui avait frappé leurs narines.

Les deux bêtes parurent hésiter durant quelques minutes. Louve Grise était venue se mettre derrière Kazan, comme sous sa protection, et se plaignait. Kazan ouvrit la marche.

À une distance de moins de trois cents yards, ils arrivèrent à un boqueteau de petits sapins et y trouvèrent un « tepee »[1] enfoui presque entièrement sous la neige.

Il était abandonné. La vie et le feu s’en étaient retirés. C’est de là que venait l’odeur de l’homme.

Les pattes raides et le poil frémissant, Kazan s’approcha de l’ouverture du tepee. Il regarda intérieurement. Au centre de la cabane, sur les cendres carbonisées d’un feu, gisait, enveloppé dans une couverture à demi consumée, le corps d’un petit enfant indien. Kazan pouvait voir les pieds minuscules, chaussés de menus mocassins. Le corps était comme desséché et c’est à peine si l’odorat pouvait en sentir la présence.

Kazan sortit sa tête du tepee et aperçut, derrière lui, la louve aveugle qui promenait son nez autour

  1. Case indienne.