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Son aide était, à la chasse, devenue précieuse pour son compagnon. C’était elle qui flairait le gibier et indiquait sa présence à Kazan qui, sur ce point, s’en reposait, maintenant, entièrement sur elle. Elle avait bien essayé aussi de prendre, malgré sa cécité, la poursuite des bêtes qu’elle faisait lever. Mais toujours elle avait échoué.

Les circonstances spéciales où tous deux se trouvaient les avaient accouplés non plus, seulement pour la saison des amours, mais pour toujours. Tandis que Kazan, dans ses chasses, ne pouvait plus se passer de Louve Grise, Louve Grise avait facilement déduit de sa cécité que sans Kazan elle périrait.

Son compagnon, pour elle, signifiait la vie. Aussi ne cessait-elle de le caresser et d’en prendre soin. Si Kazan grondait vers elle, dans un accès d’humeur, elle ne répondait point par un coup de dent, mais baissait humblement la tête. De sa langue tiède, elle faisait fondre la glace qui, lorsqu’il rentrait, s’était formée sous les poils, entre les griffes de Kazan.

Un jour où il s’était enfoncé un éclat de bois dans la plante d’une de ses pattes, elle ne cessa de lécher la blessure, pour la faire saigner et tirer dehors l’écharde douloureuse. Toujours, quand ils étaient au repos, elle posait sa belle tête aveugle sur le dos ou sur le cou de Kazan.

Le petit gibier abondait autour d’eux et il faisait chaud dans le tronc de l’arbre. Rarement ils s’aventuraient, même pour chasser, hors des limites du marais hospitalier. Tout là-bas, parfois, dans les vastes plaines et sur les crêtes lointaines, ils entendaient bien le cri de chasse des loups, sur la piste de la viande. Mais ils ne frissonnaient plus à l’appel de la horde et le désir de les rejoindre n’était plus en eux.

Comme un jour, ils avaient poussé leur course un peu plus loin que d’ordinaire, ils traversèrent une