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comme de coutume, engagea, la bataille, tandis que Louve Grise se tenait un peu en arrière.

Le lynx était un vieux guerrier, de six ou sept ans, dans toute sa force et dans tout son poids. Ses griffes, longues d’un pouce, se recourbaient comme des cimeterres. Si Kazan l’avait rencontré en liberté, il eût, sans nul doute, passé un méchant quart d’heure. Même pris par la patte, l’énorme chat était encore un redoutable adversaire. Le lieu du combat, trop étroit pour Kazan, dont les mouvements se trouvaient gênés, lui était en outre défavorable.

Le lynx, à sa vue, se recula avec sa chaîne et son piège, afin de prendre du champ. Il fallait attaquer de front. C’est ce que fit Kazan. Tout à coup il bondit et les deux adversaires se rencontrèrent, épaule contre épaule.

Les crocs du chien-loup tentèrent de happer le lynx à la gorge et manquèrent leur coup. Avant qu’ils pussent, le renouveler, le lynx, dans un furieux effort, parvint à arracher sa patte de derrière de la tenaille d’acier. Louve Grise put entendre l’affreux déchirement de la chair et des muscles. Avec un grognement de colère, Kazan se rejeta vivement en arrière, l’épaule déjà lacérée jusqu’à l’os.

À ce moment, son bon génie voulut qu’un second piège se mit à jouer, le sauvant ainsi d’une nouvelle attaque du lynx et d’une mort certaine. Les mâchoires d’acier se refermèrent sur une des pattes de devant du gros chat et Kazan put respirer.

Comprenant, sans le voir, le grand péril que courait son compagnon, dont elle avait entendu le gémissement de douleur, la louve aveugle s’était, afin de lui porter secours, à son tour faufilée sous l’arbre. Elle bondit vers le lynx et tomba immédiatement sur un troisième piège, qui l’agrippa brutalement et la fit choir sur le côté, mordant et grognant.