conservé un des louveteaux. Elle l’a élevé et apprivoisé. C’est pourquoi, plus que toutes les bêtes du Wild, j’aime les loups. Et j’espère bien que les deux dont nous parlons échapperont à tes pièges et à ton poison.
Henri Loti, le demi-sang, regardait, tout ébaubi, Paul Weyman. Celui-ci lui tendit le portrait. C’était celui d’une jeune fille, au visage doux, aux yeux profonds et purs. Le professeur vit se plisser le front et se pincer les lèvres du métis, qui examinait l’image.
— Moi aussi, dit-il avec émotion, j’ai aimé. Ma Iowoka, mon Indienne, est morte il y a maintenant trois ans. Elle aussi chérissait les bêtes sauvages… Mais les damnés loups, qui me dépècent tous mes lynx, j’aurai leur peau, par le ciel ! Si je ne les tue pas, c’est eux qui m’expulseront de cette cabane.
Sans cesse attaché à cette idée, Henri Loti, en relevant un jour une récente trace de lynx, constata que celle-ci passait sous un grand arbre renversé, dont les maîtresses branches soutenaient le tronc à dix ou quinze pieds du sol, formant ainsi une sorte de caverne inextricable. La neige, tout autour, était battue d’un piétinement de pattes et les poils d’un lapin s’y éparpillaient.
Le métis se frotta les mains et jubila.
— J’aurai le lynx ! dit-il. Et les loups avec lui !
Il se mit, sans tarder, à établir son traquenard. Sous l’arbre tombé, il commença par installer un premier piège d’acier, retenu par une chaîne à une grosse branche. Puis, autour de celui-ci, dans un cercle d’une dizaine de pieds, il posa cinq pièges plus petits, reliés également par des chaînes à d’autres branches. Finalement, il plaça un appât sur le gros piège, après l’avoir dissimulé, ainsi que les autres, à l’aide de mousse et de branchages.
— Le plus gros piège et son appât, expliqua-t-il