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de leur vitesse en traversant 0mm,01 d’aluminium[1]. Pour une épaisseur d’aluminium égale à 0mm,03, la perte de vitesse peut atteindre 50 pour 100. On peut penser d’après cela que la perte de vitesse au passage de la matière est surtout sensible pour les électrons dont la vitesse est relativement faible.

En étudiant l’absorption de rayons émis par des couches radiantes de faible épaisseur (uranium X ou radioplomb), M. Schmidt[2] a réussi à mettre en évidence un écart régulier à partir de la loi d’absorption exponentielle ; cet écart qui correspond à une diminution graduelle du pouvoir pénétrant, doit être attribué à une diminution progressive de la vitesse des rayons, lors de leur passage dans la matière. Pour des écrans très minces le coefficient éprouve d’abord une baisse rapide, ainsi qu’il a déjà été indiqué (§ 114) ; mais quand l’épaisseur de matière traversée continue à croître, ce coefficient passe par un minimum et augmente ensuite lentement suivant une loi qui est linéaire en première approximation. On peut concevoir que si le rayonnement primitif n’est pas entièrement homogène, la diminution du pouvoir pénétrant, par suite de la diminution de vitesse, peut, dans certains cas, se trouver compensée en partie par un accroissement du pouvoir pénétrant moyen, résultant de l’absorption proportionnellement plus grande de rayons moins pénétrants.

Il semble, en tout cas, légitime de conclure que les particules de grande vitesse qui rencontrent un écran peuvent, d’une part, traverser cet obstacle en proportion déterminée, sans altération importante de leur vitesse, et, d’autre part, être complètement absorbées par l’obstacle, sans qu’on ait pu, d’ailleurs, observer dans le faisceau émergent la présence des particules de toutes les vitesses intermédiaires.

Dans l’air sous la pression atmosphérique la trajectoire d’un rayon émis normalement à un champ magnétique uniforme, conserve un rayon de courbure constant et prend une forme très parfaitement circulaire, ce qui prouve que la vitesse du rayon n’éprouve pas de modification sensible le long du parcours.


116. Relation entre la vitesse des rayons et leur pouvoir

  1. Des Coudres, Phys. Zeit., 1902.
  2. H.-W. Schmidt, Phys. Zeit., 1909.