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radiographique[1]. Le dispositif expérimental permettait d’isoler des rayons simples (voir § 106). Des écrans de nature et d’épaisseur variable pouvaient être posés sur la série d’ouvertures qui laissaient passer les rayons simples de vitesse différente. On constate que le faisceau transmis est d’autant plus pur et conserve d’autant mieux sa trajectoire, que la vitesse du rayon est plus grande et que l’épaisseur de l’écran est plus faible. Un faisceau primitivement étroit qui a été fortement diffusé par un écran, présente à la sortie l’aspect d’une houppe diffuse qui ne se prolonge guère au delà de l’écran. Pour un faisceau qui n’a pas éprouvé de diffusion appréciable, on constate, au contraire, très clairement la conservation de la courbure de la trajectoire.

D’après les expériences de H. Becquerel les rayons très fortement déviables du radium (ceux dont la vitesse est relativement faible) sont fortement diffusés par un écran d’aluminium de 0mm,1 d’épaisseur ; mais les rayons pénétrants et peu déviables (rayons de grande vitesse ; ) traversent ce même écran sans diffusion sensible, et sans que le faisceau qu’ils constituent soit déformé, et cela quelle que soit l’inclinaison de l’écran par rapport au faisceau. Plus l’écran est épais et plus sa matière est absorbante, plus le faisceau déviable primitif est altéré, parce que, à mesure que l’épaisseur de l’écran croît, la diffusion commence à se faire sentir sur de nouveaux groupes de rayons de plus en plus pénétrants. Dans certaines expériences de H. Becquerel, les rayons qui sortaient des ouvertures du cylindre extérieur, pénétraient dans une couche de paraffine recouvrant ce cylindre et s’étendant au contact de la plaque photographique ; le trajet des rayons se trouvait alors photographié dans la paraffine. Quand la couche de paraffine avait 2mm d’épaisseur, les rayons les plus rapides traversaient cette couche avec un affaiblissement considérable, mais en conservant la courbure de leur trajectoire, tandis que les rayons moins rapides étaient absorbés. Quand la couche de paraffine avait 8mm d’épaisseur, les rayons rapides ne la traversaient plus et s’arrêtaient à une profondeur de 2mm environ ; les rayons moins rapides pénétraient d’autant plus loin que leur vitesse était plus grande et s’arrêtaient brusquement ; le point d’arrêt est marqué par un

  1. Becquerel, Comptes rendus, 1901.