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avec écran, c’est-à-dire l’ionisation attribuable au rayonnement extérieur et aux rayons secondaires produits par ce rayonnement ; ces courbes indiquent que le fer émet des rayons secondaires absorbables, tandis que l’aluminium n’en émet pas. Des essais d’interprétation de ces résultats ont conduit M. Campbell à admettre que chaque métal émet un rayonnement propre qui comporte l’émission de rayons d’un parcours déterminé et variable avec la nature du métal.


230. La radioactivité des métaux est-elle une propriété spécifique du métal ? — Les expériences exposées dans le paragraphe précédent prouvent que les métaux possèdent, dans certains cas, une faible radioactivité. Cependant il ne résulte pas de là que cette radioactivité appartienne en toute certitude au métal lui-même, et non à des traces de matière radioactive qui y sont contenues. Si la radioactivité des métaux était une propriété atomique, on aurait là un argument très puissant en faveur d’une radioactivité générale de la matière.

Rappelons d’abord qu’il s’agit ici d’une radioactivité très faible, représentée au plus par la production de quelques ions par centimètre cube et par seconde. Dans un récipient de forme cubique et d’un litre de volume, comptons, par exemple, 6 000 ions produits par seconde, soit 10 ions pour chaque centimètre carré de surface de la paroi. Une particule produisant environ 200 000 ions, on voit que l’émission d’une particule par centimètre carré de surface en 5 heures 30 minutes suffirait pour produire la conductibilité considérée. La radioactivité ainsi observée est 100 000 fois plus faible que celle de l’uranium, et l’on voit combien il est difficile d’établir qu’elle n’est pas due à la présence de traces de matières radioactives qui sont si répandues à la surface de la terre.

À la suite de diverses expériences exécutées au laboratoire Cavendish, M. J.-J. Thomson et MM. Campbell et Wood se sont montrés favorables à l’opinion que la radioactivité est une propriété atomique des métaux[1]. On vient de voir que, d’après M. Campbell, chaque métal émet des rayons d’un parcours déterminé. Dans d’autres expériences[2], ce même physicien

  1. Le Radium, 1904.
  2. Campbell, Soc. Phil. Camb., 1906.