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fermée après avoir été remplie d’air frais. Cette décroissance peut être due à la diminution de la radioactivité induite des parois. Les parois exposées à l’air libre se recouvrent d’une couche de dépôt actif qui diffuse vers elles de l’atmosphère. La radioactivité induite ainsi acquise peut être plus grande que la radioactivité induite de régime due à l’émanation enfermée dans le vase. S’il en est ainsi, on doit observer une décroissance dont la durée ne dépend pas de la forme de la chambre. On peut réduire fortement l’ionisation dans une chambre en soumettant les parois de celle-ci à un nettoyage très parfait par des moyens mécaniques et par des moyens chimiques. La paroi est grattée et frottée ; elle est aussi nettoyée aux acides, à l’ammoniaque, à l’alcool, à l’eau distillée. La réduction de l’ionisation par ce procédé a pu atteindre 60 pour 100 (Cooke). Le rôle du nettoyage consiste certainement à enlever la couche de dépôt actif qui recouvre la surface. Si d’ailleurs la surface a été longtemps au contact d’air contenant de l’émanation, elle peut porter aussi une proportion appréciable du dépôt de radioactivité induite à évolution lente ; ce fait peut se produire dans l’atmosphère et encore plus facilement dans l’air riche en émanation du radium des laboratoires de radioactivité.

Quand les parois ont été complètement nettoyées et que la chambre a été remplie d’air exempt de poussières, on ne prévoit plus aucune cause de décroissance initiale de l’ionisation. On peut s’attendre, au contraire, à voir l’ionisation augmenter en fonction du temps par suite du développement sur les parois de la radioactivité induite, l’air qu’on introduit contenant généralement de l’émanation du radium et pouvant contenir aussi de l’émanation du thorium.

Divers observateurs ont constaté que l’ionisation en vase clos observée dans ces conditions bien définies augmente, en effet, régulièrement et tend vers une valeur limite qui n’est atteinte qu’après quelques jours[1] (Campbell et Wood, Mc Lennan, Eve, Wright). Quand la limite a été atteinte, on abaisse l’ionisation à nouveau en aérant le récipient et en le remplissant d’air frais ; mais la valeur obtenue immédiatement après reste néanmoins

  1. Campbell et Wood, Phil. Mag., 1908. — Mc Lennan, Phil. Mag., 1907. — Wright, Phil. Mag., 1909.