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dioactivité appréciable, et ce fait est en accord avec les observations de MM. Elster et Geitel sur la radioactivité des argiles. Le rayonnement émis par la brique était absorbé par une épaisseur de plomb de 2mm.

D’après les observations de MM. Elster et Geitel, l’air des cavernes et des grottes est, en général, plus fortement radioactif que l’air extérieur ; ce fait est dû à l’accumulation des émanations dans ces espaces confinés dont les parois contiennent des matières radioactives. On peut donc penser qu’en introduisant une chambre d’ionisation close dans une caverne, on observera, en général, un accroissement d’ionisation, le rayonnement pénétrant venant de l’air ambiant étant plus intense qu’à l’air libre et le rayonnement pénétrant des parois étant reçu de tous côtés. Dans certains cas on constate, en effet, un tel accroissement [Wulf, expériences faites dans le tunnel du Simplon[1]], mais le phénomène inverse a aussi été observé. Ainsi, en mesurant l’ionisation dans un vase clos, d’abord à la surface de la terre et ensuite dans une caverne contenue dans une mine de sel gemme, MM. Elster et Geitel[2] ont constaté une diminution de l’ionisation d’environ 28 pour 100 ; cette diminution était due à la suppression de rayons pénétrants, et, conformément à ce fait, l’ionisation de l’air dans la caverne était aussi beaucoup plus faible que l’ionisation dans l’air normal. Une diminution de l’ionisation de 42 pour 100 a été observée dans des cavernes de craie (Wulf). On peut supposer que le sel gemme et la craie sont pauvres en matière radioactive et que les parois des cavernes peuvent pour cette raison fonctionner d’une manière efficace comme écrans protecteurs contre la radiation extérieure.

Le rayonnement pénétrant qui intervient pour produire l’ionisation en vase clos peut provenir en partie du sol, en partie de l’atmosphère. Il est probable que la part venant de l’atmosphère est moins importante ; c’est cependant à cette part du rayonnement que doivent être probablement attribuées certaines variations régulières ou irrégulières de l’ionisation observée.


228. Variation de l’ionisation en vase clos. Relation avec la

  1. Wulf, Phys. Zeit., 1909.
  2. Elster et Geitel, Phys. Zeit., 1905.