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de l’air atmosphérique peut recevoir une explication suffisante par la présence dans le sol et dans l’atmosphère de matières radioactives. Il semble aussi très probable qu’à une distance modérée du sol le rayonnement pénétrant des matières contenues dans le sol joue un rôle prépondérant, le rayonnement du thorium pouvant d’ailleurs être plus important que celui du radium. Les variations de l’ionisation dans l’atmosphère peuvent s’expliquer par les oscillations de la teneur de l’air en émanations et en dépôts actifs ; celles-ci peuvent être occasionnées par des variations de pression, par le vent, par le passage de pluies, etc.

La production de 10 ions par centimètre cube correspond à une densité d’équilibre des ions, = 2500, si l’on ne tient compte que de la recombinaison et si l’on donne au coefficient de recombinaison la valeur 1,6.10-6. Mais la valeur de est en réalité abaissée par suite de la présence de poussières. Le nombre réellement observé dans une atmosphère peu chargée de poussières est environ 1000 petits ions par centimètre cube.

Au voisinage immédiat du sol, l’ionisation est plus intense (production d’environ 300 ions par centimètre cube et par seconde). Cet accroissement d’ionisation peut être attribué au rayonnement des émanations qui se dégagent du sol et des dépôts actifs formés à la surface du sol. Les particules de dépôt actif (radium A, thorium A), formées près de la surface, doivent être, en effet, entraînées vers celle-ci par l’action du champ électrique terrestre dirigé vers cette surface. En particulier le dépôt actif de l’émanation du thorium doit être ainsi retenu en forte proportion, la destruction de l’émanation ayant lieu très près de la surface.

Quelques expériences ont été faites en ballon en vue de mesurer l’ionisation de l’air aux grandes altitudes (jusqu’à 6000m). Les résultats obtenus sont encore peu nombreux ; il semble cependant que la concentration en petits ions dans ces régions élevées est du même ordre que celle qu’on observe dans les couches inférieures de l’atmosphère. Parmi les causes ionisantes qui interviennent aux altitudes élevées, on a reconnu la présence de l’émanation du radium et de ses dérivés ; quant à l’effet du rayonnement pénétrant du sol, il doit être considérablement affaibli à ces distances. On peut donc se demander si les régions supérieures de l’atmosphère ne sont pas soumises à l’action d’une